Histoire d’un Pantin

De Gisèle Bianchi, d’après « Les aventures de Pinocchio » de Carlo Collodi

L’équipe

Nina Bianchi, Philippe Grenier, Sylvain Michel, Isabelle Bianchi, Robert Bianchi, Camille Gonzalez, Emmanuel Brouallier et Didier Pourrat.

Spectacle pour tous les publics

« Combien de contes des Mille et une Nuits tient-il dans une adolescence ? » Honoré de Balzac – La Comédie humaine

Une Oeuvre Universelle

Cervantès, Swift, Shakespeare… Ces auteurs avaient-ils conscience de l’impact qu’allaient avoir leurs écrits longtemps après leur disparition ?

La question se pose aussi pour Carlo Collodi, qui, en donnant naissance à Pinocchio, a créé une œuvre majeure, toujours d’actualité, aussi forte pour les enfants que pour les adultes, une de ces œuvres qui, pour peu qu’on s’y replonge de temps en temps, nous aide à vivre.

Difficile de définir ce qui fait l’universalité d’une œuvre, qu’une histoire purement fictionnelle, située dans une époque et un contexte défini, parle, continue à faire sens et à être « d’actualité » des siècles après avoir été écrite. Cela tient du prodige

UN ÉTRANGE CONTE DE FÉE « NOIR »

En choisissant de s’inspirer des « aventures de Pinocchio », l’intention de l’auteure n’était pas d’adapter fidèlement cette histoire pour elle-même.
Gisèle Bianchi a écrit un texte traitant de l’adolescence, plus précisément du parcours qui permet à une personne de se construire, de devenir adulte, de la difficulté à choisir sa vie…
Il s’agissait plutôt d’utiliser le roman de Collodi comme une base, un déclencheur, une amorce à la réflexion. Il aborde un sujet qui nous tient à cœur, en apportant une forte dose de fantaisie et d’onirisme qui donnent matière à nourrir l’œuvre théâtrale.

Il n’était pas question de transposer « les aventures de Pinocchio » à l’époque actuelle, ce qui en aurait indubitablement réduit la portée universelle. En revanche, cette pièce est imprégnée d’expérience personnelle, de confrontations avec des enfants, des adolescents, et des adultes eux-mêmes confrontés à des jeunes… Le texte a aussi évolué grâce aux multiples échanges avec l’équipe de réalisation, leur perception du texte, leurs préoccupations sur le thème.

Ce roman, aussi excentrique qu’inattendu dans son déroulement, raconte le cheminement qui va amener le pantin Pinocchio à devenir un être humain en chair et en os. En occultant le caractère fantastique de l’œuvre, on y voit le parcours qui mène de l’enfance à l’âge adulte ; « les aventures de Pinocchio » peut être lu comme un roman initiatique déguisé en étrange conte de fée.

Pinocchio est avant tout un enfant différent, prêt à tout pour être semblable aux autres.

« Les aventures de Pinocchio » est le récit d’un périple qui se déroule sur plusieurs années, alternant des courses folles parsemées de péripéties saugrenues à des périodes de pause dans ce qui ressemble à une lutte. Le pantin Pinocchio est avide de découvertes, accroché à ses rêves, et déterminé à devenir un véritable être humain.

Sa naïveté, mais aussi sa soif de découvertes, font de lui une proie idéale pour les « vendeurs d’illusions » et autres manipulateurs.

Chaque étape de ce roman est un choix qui se présente à Pinocchio, qui peine à distinguer le vrai du faux. Il est constamment tiraillé entre ce qui lui apparaît comme la voie à suivre, et ce que les autres attendent de lui.

En outre, ce roman pose la question de l’attitude de l’adulte à qui revient la tâche de transmettre et d’éduquer, mais qui peut selon le cas accompagner ou freiner l’enfant dans sa construction.

Carlo Lorenzini, dit Collodi, a écrit « les aventures de Pinocchio » sans enthousiasme, à la demande d’un journal, dans une période où il était fortement désabusé dans tous les domaines de sa vie. Ce feuilleton, destiné aux enfants, se terminait, dans sa première version, par le suicide du pantin Pinocchio. Les innombrables réclamations de ses jeunes lecteurs l’ont contraint à sauver son personnage, à prolonger l’histoire, qui est devenue un conte de fée unique en son genre.

A l’instar d’un Dickens, son contemporain, qui ne craignait pas de donner à voir à ses jeunes lecteurs combien les enfants qui n’avaient pas la chance d’être bien nés subissaient de maltraitances, Collodi ne craint pas d’aller dans la noirceur :
Pinocchio est à de nombreuses reprises confronté à la mort, la sienne et celle de ceux qui lui sont chers. Il est longtemps persuadé que son père, Geppetto, est mort en voulant le sauver ; alors qu’il revient vers la petite fée, il ne trouve que son tombeau, où il est écrit qu’elle est morte de désespoir d’avoir été abandonnée par son ami Pinocchio. Mais Pinocchio retrouvera Geppetto bien en vie dans le ventre du requin, et la fée sous les traits d’une jeune femme qui lui tiendra lieu de mère… Par contre, son meilleur ami mourra irrémédiablement dans ses bras, pour avoir, comme lui, suivi aveuglément les « marchands de paradis ».

Gisèle Bianchi, Janvier 2017

LA SOBRIÉTÉ AU SERVICE DE L’ONIRISME

Pinocchio vit dans un monde imaginaire, où tout est possible. Mais ses révoltes, ses préoccupations, ses aspirations, semblent être un condensé des états d’âme liés à l’adolescence.
Un petit nombre de comédiens et comédiennes donnent vie à un foisonnement de personnages, dont certains aussi étranges qu’excentriques.

L’utilisation de masques, de marionnettes, l’inventivité de la scénographie, de la musique et de la lumière, contribuent largement à créer l’univers fantastique inhérent à l’histoire.

Des représentations à mi-chemin entre le masque et la marionnette, pour des personnages à mi-chemin entre l’humain et l’animal.

Photos : JALOU STUDIO
Affiche : Didier Pourrat